Les Mondes de P-Val: novembre 2013

jeudi 28 novembre 2013

Commencer par changer soi-même !




Les politiques ne sont pas toujours des modèles, mais certains conservent un peu de recul sur leur manière d’aborder la politique. Bruno Le Maire fait partie de ceux-là. 

Dans une interview sur Radio classique le 27 novembre, interrogé sur la capacité de la droite à avoir des propositions, il répond :
 « Le point de départ n’est pas de dire je vais faire ceci ou cela mais de commencer par dire je vais changer moi-même. Pour retrouver notre crédibilité, nous devons d’abord nous changer ».

Exégèse à l’usage du dirigeant confronté à des transformations pour se resynchroniser avec son marché, ses clients, ses objectifs (ou ses électeurs) :

1. S’interroger et se demander si son objectif ou sa stratégie nécessite de se transformer et de transformer son entreprise (son parti politique) – Bruno Le Maire répond oui 
2. Accepter, avec humilité, d'être soi-même partie prenante du problème de la transformation qu’on initie - Bruno Le Maire le pense
3. Commencer par penser son Monde avant de penser stratégie ou plans d’actions – Bruno Le Maire a l’air de douter que la droite y ait songé
4. S’interroger sur sa capacité à imaginer une stratégie ou des propositions pertinentes, quand le Monde auquel on appartient inspire une stratégie beaucoup trop classique

Ce post fait écho à cet autre post culture eats strategy

Bruno Jourdan

PS : les passionnés de politique peuvent réécouter l’interview de Bruno Le Maire
 (entre 11’30’’ et 12’06’’)

mardi 19 novembre 2013

Votre fonction Finance est-elle un levier de transformation et de performance pour votre entreprise ?

Dans les stratégies que déploient presque tous les grands groupes pour retrouver l'accord parfait entre le Monde externe (clients, concurrence, réglementation), leur stratégie (les choix faits) et leur Monde, les fonctions supports jouent un rôle prépondérant.

En effet, ces fonctions sont à la fois :
  • des leviers de changement pour les autres composantes de l'organisation
  • des gisements de transformation en elles-mêmes, par leur poids croissant dans la performance de l'entreprise (leviers de performance et de coûts).
La fonction Finance a en particulier mobilisé nos compétences depuis quelques années : Orange, eRDF, Crédit Agricole, BNP Paribas,...

Ces missions visent toutes à créer un Monde de performance nouveau pour la fonction Finance, chaque fois avec des contextes et des enjeux spécifiques. Un fil directeur commun pourtant : le positionnement  au croisement de deux Mondes, celui des Métiers Opérationnels et celui de la Finance.


Je vous invite à lire la trilogie Financiers et Opérationnels en scène !, ainsi que cet article de la revue DFCG qui apporte un éclairage plus précis sur le rôle de Passeur entre deux Mondes et d'agent de transformation. Des chiffres, des chiffres… oui mais des chiffres utiles !



En attendant la publication en décembre des résultats surprenants de notre enquête réalisée en partenariat avec la DFCG auprès de 150 Directeurs Financiers : " Où en sont vraiment les Directions Financières dans leur (r)évolution Business Partner ? "


Laurent Dugas

France-Ukraine : est-il possible de changer de Monde en 4 jours ?

L'équipe de football française a perdu 2-0 le match aller à Kiev. Elle joue son va-tout ce soir à Paris. Entre ces deux dates, en quatre jours, les discours de et sur l'équipe de France ont profondément évolué, faisant référence à deux Mondes bien différents.


Le Monde avant le match aller ?

Grandeur : nous sommes plus talentueux que l'Ukraine. La preuve nous venons tous de grands clubs mondialement connus. C'est comme si le Real Madrid, la Juventus, Le Bayern, Arsenal jouaient contre des clubs quasi inconnus de villes totalement inconnues.

Reconnaissance : Bien sûr, chaque joueur rêve de jouer lors de la Coupe du Monde du Brésil. Mais c'est un rêve peu concret, qui a du mal à s'incarner. En revanche il existe une boucle de reconnaissance individuelle forte pour une majorité de joueurs, dans leurs relations avec les média et le public. Ribery fonce tête baissée obnubilé par le Ballon d'Or, Evra rêve de régler ses comptes avec les journalistes, Nasri de prendre la place de Valbuena,...

Interactions collectives : Ce sont celles de professionnels sérieux. Mais sans supplément d'âme. Il n'y a pas d'affectif dans cette équipe, pas d'émotion. Sans doute par manque de leadership - Technique comme Zidane qui faisait jouer l'équipe - Tactique et "aboyeur" comme le faisait Deschamps joueur. Et cela, l'entraîneur n'a pas réussi à le compenser, lui aussi par manque d'émotion, à l'inverse de personnalités comme Guardiola, Mourinho, qui, en club certes, parviennent à mobiliser en profondeur leurs joueurs.

Décision : Elle prend la forme du moment, ce qui ne permet pas de stabiliser une équipe durablement. Ensuite, sur le terrain, l'équipe ne sait pas s'adapter et changer de tactique en cours de match. Hors du terrain c'est un peu pareil, les "chartes" édictées ne sont pas vraiment appliquées. Cela reboucle sur la grandeur : le talent technique passe avant tout autre considération. A l'inverse d'Aimé Jacquet, très critiqué en son temps, qui avait décidé de se priver des talents Cantona et Ginola. 


Le monde avant le match retour ?

Passé l'abattement de la défaite, le discours a été un grand classique français. Nous ne serions jamais meilleurs que dos au mur. Comme le modélise très bien le sociologue Philippe d'Iribarne dans son livre "La logique de l'honneur", nous ne serions pas des personnes "industrielles" capables de produire une performance régulière dans la durée. En revanche nous sommes ceux qui peuvent toujours produire un exploit "impossible". Notre grandeur est là !


Grandeur : L'honneur donc ! L'équipe est maintenant prête à "mourir sur le terrain".

Reconnaissance: La peur du ridicule, la honte. Et il est certain qu'en cas de défaite, ils seront sévèrement pris à partie par les supporters, les médias, les sponsors, les camarades de clubs,...

Interactions collectives : Le combat. Fini le talent, place à la lutte. "Se faire respecter", "jouer direct". Avec un temps fort qui est la "remontée de bretelles" par le président de la FFF et l'entraîneur.

Décision : Sortir des sentiers battus et mettre de la "folie".


Tout ceci est du grand classique. La question est de savoir si un groupe de personnes peut passer en 4 jours d'un Monde à l'autre, quand il ne l'a pas fait en deux ans ?

Contre ? Ce ne sont que des mots, des intentions que l'équipe ne pourra concrétiser face à un adversaire tout aussi motivé. On n'apprend pas ce nouveau Monde en 4 jours. C'est un travail de fond qui demande des passerelles définies, progressives et un leadership fort qui propose, conçoit et incarne ce Monde voulu.

Pour ? le Monde "match retour" n'est pas à créer. Il est déjà présent dans la culture collective. Il suffit donc de le faire resurgir pour que tout se mette en place en peu de temps. Tout en sachant qu'il disparaîtra à nouveau dans le confort et les louanges d'une victoire ou dans la honte d'une défaite irréversible. 

A vous de vous faire une opinion ce soir en regardant ce match, passionné ou renfrogné !

Le pire étant que le football étant un sport très aléatoire (un poteau, une main, un arbitre,...), le résultat en lui-même ne sera pas la preuve d'un changement de Monde réussi mais d'un petit arrangement ponctuel. 

Laurent Dugas

jeudi 7 novembre 2013

Départ de Mireille Faugère de l’APHP : le Monde ancien a eu sa tête. Tout le travail est à reprendre.



« On lui a fait payer sa mauvaise gestion de la fermeture des urgences de l’Hôtel-Dieu ».
Ce discours des médias sur le départ de Mireille Faugère cache la vraie difficulté de gérer la transformation d’une organisation aussi importante que l’APHP.  

Mireille Faugère n’a pas eu le temps de créer la nouvelle troisième note de musique, gage d’un accord parfait.
La première note de cet accord parfait, c’est l’économie de la santé qui nécessite que l’APHP se transforme. Cette note de musique s’impose.
La deuxième note de l’accord parfait, c’est la stratégie de l’APHP. Cette deuxième note est assez claire à l’APHP et la conduit à prendre des décisions et à faire des choix.

Les deux premières notes de l’accord parfait ont changé, restait à créer la nouvelle troisième note.
La nouvelle troisième note, c’est la transformation du Monde de l’APHP.

Aujourd'hui, on demande aux équipes de jouer les deux premières notes de musique de la transformation avec une troisième note qui n’est plus la bonne – un Monde pas adapté.
Ce Monde se sent agressé dans sa grandeur, dans la mesure de sa performance, dans ses modes de travail. Et Mireille Faugère était devenu le symbole de ce sentiment d'agression.                                
Voilà par exemple ce qu’a dit d’elle hier un éminent psychiatre, le professeur Bernard Granger, dans une interview sur France Inter.
« Erreur de casting. Elle ignorait tout du Monde hospitalier. Elle est venue dans une période où régnaient les concepts de l’hôpital-entreprise… elle avait un profil de commercial, c’était à contre-emploi ».

Tout est dit. Dans le Monde que représente Bernard Granger, on ne peut pas accepter la stratégie que représente Mireille Faugère.

Bon courage à Martin Hirsch.
Il ne porte pas quant à lui le péché originel d’avoir « un profil de commercial », mais il ne coupera pas à la nécessité de créer la nouvelle troisième note – le nouveau Monde de l’APHP – capable de mettre en œuvre une stratégie qui ne sera pas très différente de celle de Mireille Faugère.

Bruno Jourdan

lundi 4 novembre 2013

Les Mondes P-VAL, ce n’est pas du storytelling, c’est du storydoing


Une boîte de pub américaine, co:, propose le concept de storydoing, par opposition au storytelling.

Leur analyse est que le storytelling est le plus souvent une affaire de communicants qui se chargent de raconter une histoire à ceux, électeurs ou clients, qu’il faut convaincre. La critique du storytelling est connue et souvent juste : l’histoire racontée est belle, mais fausse. La story la plus convaincante et la plus fausse fut celle que Dick Cheney utilisa pour convaincre les Américains que les Irakiens les menaçaient avec des armes chimiques. En publicité, le storytelling c’est dire au marché ce que la marque voudrait être… mais qu’aucune expérience client ne vient corroborer.

Le storydoing est aussi une histoire. Mais cette histoire, avant d’être dite, est d’abord vécue par ceux qui en sont les porteurs. Les grands religieux sont des storydoers. Ils convainquent par ce qu’ils sont et ce qu’ils font, pas par ce qu’ils disent. Mère Teresa était une storydoeuse.
           
Quel rapport avec P-VAL ?
Nous revendiquons d’aider nos clients à être des storydoers de leur Monde de performance – jusqu’au niveau 7 du schéma ci-dessous. Leur Monde se voit dans leurs systèmes de mesure de performance, dans leurs réunions de travail, dans leurs tableaux de bord, dans leurs systèmes de décision, dans leurs nominations, dans leurs modes de travail avec leurs clients, dans leurs process...
Nos clients sont comme les grands humoristes : ils ne déclarent pas « je vais être drôle »… ils sont drôles.

Bruno Jourdan