Les Mondes de P-Val: juillet 2011

mardi 26 juillet 2011

Darty, une deuxième expérience client extraordinaire. Certains concurrents feraient bien de s’en inspirer !

Je vous avais décrit le 23 décembre dernier ma superbe expérience client chez Darty. C’était dans le magasin des Ternes. Il se trouve que j’ai revécu une expérience identique hier. Elle est pleine d’enseignements.

J’allais rendre un article acheté il y a sept mois dont je n’avais jamais eu l’usage. Pour tout vous dire ma femme que je salue au passage ne m’avais pas tellement laissé d’espoir sur le fait que Darty me reprenne l’article – 7 mois !

A l’accueil on me dit que c’était le SAV qui s’occupait de cela. Par précaution, je suis d’abord allé demander dans le rayon si je pouvais me faire rembourser. Question à une vendeuse … Vous avez dix jours … Devant ma moue déçue, elle propose Je vais quand même demander à la chef de rayon. Elle m’accompagne et attend avec moi que la chef de rayon en eut terminée avec un autre client (notez la différence avec des vendeurs de Fxxx qui dans la même situation vous expédie dans le registre il doit être là-bas). Alexia (la chef de rayon) me confirme la politique Darty mais me dit que je peux tenter de voir avec le SAV … je lui explique que la file d’attente au SAV est longue et que je n’ai pas envie d’attendre pour un résultat aléatoire … Ne vous inquiétez pas, je vais y aller moi-même … Retour quelques minutes après c’est bon, ils vont vous le reprendre.

Cette vendeuse et cette chef de rayon ont été formidables, l’équipe du SAV aussi : pendant que je patientais, j’ai vu un homme du SAV écouter patiemment une histoire sans intérêt d’un client et un autre collaborateur s’enquérir auprès de son interlocuteur s’il avait pu trouver un taxi.

Un bon collaborateur, c’est du hasard, quatre de suite c’est que le Monde voulu proposé par Darty est très clair.

Mais un Monde voulu c’est beaucoup plus que des « valeurs », des « slogans », des « politique de marque », des affirmations « de l’importance de l’expérience client ». Un Monde voulu c’est une organisation qui permette de faire vivre le Monde voulu, ce sont des modes de relations au sein des équipes, c’est un système d’évaluation de performance cohérent avec le Monde, c’est un recrutement et une formation spécifiques.

Pour transposer, Alexandre Bompard qui vient d’annoncer qu’il voulait « bâtir une nouvelle FNAC » a du pain sur la planche. Il a bien identifié le changement de Monde « pour une enseigne qui s'est construite autour de ses produits et qui doit viser à mettre les clients au centre de notre activité et de nos métiers, en privilégiant à chaque instant la relation avec eux ». Mais je ne suis pas sûr qu’il mesure la complexité du changement de Monde auquel il s’attelle.
La réponse « réorganiser les magasins par univers d’usage plutôt que par produits » est sans doute utile mais ce n’est clairement pas cela qui poussera les clients à reprendre le chemin de ses magasins plutôt que d’aller sur Internet … ou chez Darty.


Alexandre, nous sommes à ta disposition !

Bruno Jourdan

mardi 19 juillet 2011

La grandeur d’un Catalan : Socio ? Abonné ? Quelle place dans les gradins ? Quel numéro d’abonné ?

Un de mes clients et ami est Catalan. Nous parlions Monde et il m’a expliqué avec beaucoup de simplicité « le Monde du Catalan ».


L’enseignement que je tire de cette conversation est que quand nous analysons un Monde, il faut éviter les à-peu-près et les apparences.

Illustration de la profondeur d’analyse nécessaire sur le Monde Catalan – dans sa version footballistique. Il y a des niveaux de grandeur :

 
Grandeur 1 : Supporter du Barça – nous le sommes tous - au moins chez P-VAL grâce à notre Bureau de Barcelone.

Grandeur 2 : Socio c’est à dire adhérent à l’association qui gère le club – il y en a 200000 et il est assez facile de l’être en payant une cotisation annuelle.

Grandeur 3 : Abonné – cela devient plus difficile car il faut avoir les réseaux locaux vous permettant d’être mis en relation avec quelqu'un souhaitant transmettre son droit à s’abonner, qui est valable à vie (pour mémoire, cette transaction peut largement dépasser 10000 euros). Trouver le vendeur signifie donc que l’on fait déjà partie de ce Monde.

Grandeur 4 : Bonne place – c’est une variante du grade 3, l’objectif est de revendre sa place « mal placée » et d’en acheter une la plus centrale possible.

Grandeur 5 : Petit numéro de socio … C’est là où le Monde joue à plein. Ce numéro de membre change tous les ans au gré des défections et surtout des décès. Mon ami a la carte 17765 … sur 200 000.
Je suis fier d’être l’ami de quelqu'un qui a un aussi petit numéro, même si cela ne me donne pas l’appartenance à son Monde.

Enseignement : le socio « de base » pourrait croire qu’il appartient pleinement au Monde du Barça, mais ceux qui font vraiment partie de ce Monde ne le reconnaissent sans doute pas comme un membre plein et entier.
Les transpositions professionnelles de cet exemple sont multiples. Un seul exemple : dans le Private Banking, les équipes du middle et du back office n’appartiennent pas au Monde de la banque, ils n’en sont que les employés.

Visca el Barça !


Bruno Jourdan

jeudi 7 juillet 2011

Procter & Gamble, pas d’ambigüité, l’entreprise est marchande

Procter est un cas d’école pour celui qui veut apprendre à décrypter un Monde … et même un cas de première année tellement ce Monde est facile à comprendre.

Je vous rappelle qu’un Monde se décrypte à travers les mots utilisés par ses membres. Lisons ensemble comment Bob McDonald, CEO, explique sa stratégie dans l’interview qu’il a donnée au Figaro le 4 juillet 2011.

Bob MCDONALD. - Procter & Gamble est présent dans 38 catégories de produits, mais toutes ne sont pas présentes partout où nous opérons. Nous n'en avons ainsi que 15 en Chine, 20 au Mexique et autant en France. J'ai fixé en 2009 comme objectif de faire passer d'ici à 2015-2016 de 19 à 24 le nombre moyen de catégories par pays et d'être plus international. Ainsi, nous pourrons faire passer de 3,8 à 5 milliards le nombre de consommateurs que nous touchons chaque jour, de 12 à 14 dollars par an leur dépense moyenne pour nos produits, et de 77 à plus de 100 milliards de dollars notre chiffre d'affaires mondial.

13 chiffres en 8 lignes, qui dit mieux
La stratégie ? Des objectifs chiffrés, précis, détaillés, échéancés.
Admirons ensemble la qualité de ces chiffres. Ce ne sont pas des chiffres pour des financiers, ce sont des chiffres pour des opérationnels. Ils sont suffisamment concrets pour que chacun, qu’il soit grand ou petit manager, sache ce qu’il doit faire.

P&G est marchand et son CEO est emblématique de ce Monde.
Dans le Monde Marchand, l’un des 6 Mondes « purs » décrits par Boltanski et Thévenot, les chiffres sont la forme de l’évidence et le gain en est la grandeur.
C’était la première fois que Bob McDonald venait visiter sa filiale française … les managers n'ont sûrement pas été pris au dépourvu sur la nature des discussions avec le boss.

Bruno Jourdan

Source : Figaro
Sur P&G, relisez aussi le post du 21 mars 2011 Est-ce que Procter&Gamble peut gagner de l'argent dans les pays où les gens gagnent moins de 2$ par jour ?