Les Mondes de P-Val: février 2012

lundi 27 février 2012

Coup de gueule de l’assujetti qui paye une cotisation à l’ADESSAT-Syntec.

Je ne m’énerve pas souvent mais ce matin en ouvrant mon courrier ce fut le cas.
 
Le Syntec est la fédération professionnelle des entreprises de conseil à laquelle est affilié P-Val. Dans ce cadre, nous payons une cotisation obligatoire à une entité qui s’appelle l’Adessat – association d’étude et de suivi de l’aménagement du temps de travail. Environ 200 euros par an. Pas énorme, je vous l’accorde. Mais que fait l’Adessat de notre argent ? Des études ... qu’ils ont la gentillesse de nous communiquer.

Jugez vous-même de l’intérêt de l’étude suivante réalisée par IPSOS, objet de mon courroux :
Première idée-force du chapitre Principaux enseignements :
« Un environnement porteur. Au sortir de deux années de crise …. »
On croit rêver !

Ce que je reproche à l’Adessat est que personne chez eux n’a relu ce document. Je paye pour une étude qui me dit « Mon environnement est porteur ! »
Je ne connais pas l’Adessat, mais ce dont je suis sûr est qu’une caractéristique de leur Monde est que le client que je suis n’y a aucune place et que la notion de la réalité du temps économique en est absente.

Enseignement : ce problème n’est pas dû à des questions de compétences des équipes de l’Adessat, il est provoqué par un Monde qui n’est pas synchronisé avec celui de leurs clients et avec l'environnement économique.
Et un assujetti n’y peux sans doute rien, il paye.

Je rappelle que le Syntec est la fédération des entreprises de conseil, je suggère d'utiliser nos cotisations pour lancer un projet de changement de Monde.

Bruno Jourdan

vendredi 10 février 2012

"La plupart des hommes qui président aux destinées du Monde portent des Rolex"


Tout le Monde se souvient de la fameuse phrase de Jacques Séguéla « si on n'a pas de Rolex à 50 ans, on a raté sa vie »

Il a expliqué ensuite avoir fait une erreur et s’en était excusé.

Pourquoi ?

Il n’a fait que reprendre, dans un langage plus commun, le slogan de la marque … de 1956
 (publiée dans un magazine de l’époque Réalités) :
La plupart des hommes qui président aux destinées du Monde portent des Rolex.

 
Enseignements :

a) ce message avait donc pénétré l'inconscient de Jacques Séguéla

Ce qui traduit sa force : quand votre Monde est fort et formalisé, il est beaucoup plus facilement communicable, déclinable, appropriable, en interne et en externe, utilisable par les équipes de R&D, de design, du marketing, du commercial, vos clients

b)  ce message est un message Monde : il ne parle pas du produit, il dit qu'en devenant propriétaire de ce produit vous intégrez un Monde donné

Quand les clients adhérent à un message qui les fait entrer dans un monde auquel ils veulent appartenir, alors vous rentrer dans la catégorie des "créateurs de Monde", pas loin de la perfection stratégique

Donc posez vous la question, dans votre entreprise, sur vos offres B2B comme B2C, la promesse est-elle clairement formalisée, avec engagement ? Est-elle une passerelle vers un monde désiré ? 

Bruno Jourdan


lundi 6 février 2012

Changement de Monde raté au Racing Club de France






Ce post est peut être un peu trop parisien … pas seulement.

Le Racing est un club qui permet à quelques happy few de jouer au tennis et de nager au cœur du Bois de Boulogne à Paris pour quelques (beaucoup) de milliers d’euros.
Les équipements du Racing sont une concession accordée par la Ville de Paris. Elle a été transférée récemment au groupe Lagardère … qui en a changé beaucoup de modes de fonctionnement au grand dam des membres du club.

Un des membres de ce club a trouvé une extrêmement bonne formulation de ce changement qu'il vit :
« Nous étions les membres d’une association, nous sommes devenus les clients d’une entreprise »
Ces membres, devenus des clients, sont tristes, mécontents et revendicatifs. Je vous passe les détails sur leurs raisons de mécontentement.

Et alors me direz-vous ? Est-ce que les membres ont déserté le club ? Non, ils n’ont pas de solutions de remplacement ! … Donc on s’en fiche ? Sûrement pense Lagardère, le client est captif. Mécontent mais captif. Il s’y fera !

"Nous étions les membres d’une association, nous sommes devenus les clients d’une entreprise" : cette phrase ne traduit pas un changement de Monde, elle traduit un changement de stratégie. Quel est le problème de Lagardère ? Il a visiblement oublié de s'occuper du changement de Monde qui fera réussir cette stratégie. Les "membres" comprennent sa stratégie mais ne l'acceptent pas ... et vont tout faire pour le faire chuter.

Transposition : et si ...
Et si le Racing était une entreprise dont les membres étaient les salariés ? 
Et si cette entreprise impose un changement de Monde à ses salariés.
Ses dirigeants pensent-ils "Mais ils sont captifs", "Ils s'y feront". Donc on s’en fiche ?

Les dirigeants ont souvent bien compris qu'ils devaient adapter leur stratégie à des changements d'environnement. Ils n'ont pas toujours visualisé que ce changement nécessitait aussi de changer de Monde.

Ne nous trompons pas, il ne s’agit pas d’accompagner le changement. Le projet est le changement.



En voilà les 4 grandes étape : 





 
Bruno Jourdan
06 62 96 23 04

mercredi 1 février 2012

L'affaire Kerviel peut elle mieux se comprendre avec l'éclairage Monde ?

Ami intime de l'un des protagonistes directs de cette affaire complexe et douloureuse, j'avais cantonné cette histoire dans ma sphère privée

J'ai eu l'occasion de lire cette semaine le livre de Hugues Le Bret : La semaine où Jérôme Kerviel a failli faire sauter le système financier mondial : Journal intime d'un banquier
Il se lit comme un roman policier et me semble en ligne avec les échos internes que j'avais eu à chaud

Cette lecture a relancé mon réflexe professionnel "Monde" :


Cette affaire Kerviel est-elle plus compréhensible avec la grille d'analyse Monde ?
  • Tous mes amis Banquiers m'ont juré que "Non, en aucun cas ! l'affaire Kerviel est un fait divers ponctuel, du à la perte totale du sens des réalités d'un pervers ...."
  • Certes, les Kerviels à 50 MM€ de positions ne courent pas les salles de trading !
  • Pourtant je n'en suis pas si sûr

Le cygne noir avait une forte probabilité pour se poser sur la SG, tôt ou tard.

Quel était le Monde de la SG à cette époque ?
  • Il était profondément construit sur un principe supérieur commun, du PDG, au collaborateur de base : tout faire pour ne pas être la victime d'une OPA
  • Cette angoisse profondément ancrée (instrumentalisée ?) venait de la bagarre avec BNP pour la prise de contrôle de Paribas.
  • Avec la conséquence suivante : pour ne pas être victime d'une OPA il faut avoir des résultats supérieurs à ceux du marché
  • En effet qui serait assez fou pour acheter au prix fort une société dont l'acquéreur se sentirait incapable de tirer plus que ce qu'elle produit aujourd'hui , voire avec la quasi certitude de faire moins bien ? Et qui serait assez fou pour vendre dans cette hypothèse ?
  • Cette grandeur "tout faire pour être le meilleur" est un formidable moteur de croissance et de performance. Ce qui a été le cas pour la SG
  • Avec aussi une incitation forte, inconsciente, pour prendre des raccourcis afin d'obtenir ces résultats extraordinaires. La performance d'un Banquier est assez mécanique. Pour obtenir des résultats supérieurs aux concurrents, avec la même matière première banale, l'argent, il faut conduire vite, toujours plus vite ; bref prendre des risques !


Les acteurs de la SG, dans différents métiers, ont donc pris des raccourcis.

  • Par exemple, certaines activités d'asset management en ont pris beaucoup, qui ont conduit à la session du métier au Crédit Agricole pour créer Amundi. Ce qui n'exclu pas la lucidité comme le fait d'avoir évité l'affaire Madoff !
  • Le comportement des Décideurs n'est pas "irresponsable" . Il est celui de Managers qui, pris dans un Monde fort et cohérent, acceptent progressivement un biais. Ils décident, agissent dans leur Monde propre, avec leur échelle de valeur et se coupent progressivement des autres "Mondes", des autres grilles de lecture.
  • Quelques managers ont émis des doutes "à cette vitesse nous allons rater un virage". Ils ont été qualifiés "d'angélique"(au mieux)
  • Globalement une fois dans un monde donné, il est impossible de verbaliser une autre opinion ; c'est un effort énorme, rapidement sanctionné par une exclusion de "l'équipe", du Monde existant. Même pour la Direction générale c'est difficile. Surtout quand les salariés sont actionnaires et que le cours de bourse s'envole !

Bien sur des contrôles existent, des réglementations sont inscrites, l'Inspection audite et rapporte, les Risques surveillent. Avec sérieux et professionnalisme.
  • Mais leurs actions, leurs avis sont juste un peu moins écoutés, juste un peu moins mis en oeuvre ... enfin bref ce n'est pas la priorité absolue
  • La décision finale se fait toujours sur la grandeur :" être toujours plus performant pour garantir notre survie indépendante"

Sur un tel Monde, le cygne noir se posera toujours, tôt ou tard, ici ou là, avec plus ou moins de force. Mais la probabilité est "certaine", comme celle d'un alcoolique au volant d'avoir un accident

Enseignement  : Messieurs les responsables des Risques, pour être efficace vous devez absolument auditer votre Monde actuel sans tabou ; celui qui fonctionne pour de vrai, celui qui est vécu. Pas celui des procédures, des discours. Vous devez comprendre sans fard la dynamique de fonctionnement des acteurs, surtout quand ils sont 160 000 à travers le globe !
L'approche Monde est un outil simple, rapide qui vous permet d'anticiper sur l'atterrissage des cygnes noirs...

Mais il faut du courage, beaucoup de courage ...

Laurent Dugas