Les Mondes de P-Val: avril 2016

mardi 26 avril 2016

Pourquoi les bonnes idées viennent d’Amazon et pas du SNE, le Syndicat professionnel de l’Edition ?



Nous sommes de plus en plus consultés par nos clients pour les aider à imaginer leur futur et les stratégies qui vont avec.
La première recommandation que nous leur faisons est de comprendre en quoi leur Monde peut les bloquer pour imaginer un futur non-incrémental. « Votre Monde est la matrice de votre stratégie, si votre Monde est inadapté, votre stratégie sera à côté de la plaque ».

Un exemple de ce syndrome en action.
Amazon vient d’avoir une excellente idée. Or cette idée aurait dû logiquement venir des éditeurs de livres scolaires … mais leur Monde les en a probablement empêché.

Quelle est l’idée qu’Amazon a proposé au ministère de l’éducation ?

  • Depuis toujours, les enseignants français, attachés à leur liberté pédagogique élaborent des contenus en complément des manuels scolaires.
  • Amazon a parfaitement compris cette pratique et a signé un accord avec l’état qui permet aux enseignants de se familiariser avec Kindle Direct Publishing, pour mettre leurs cours à disposition de tous et donc encourager l’autoédition de contenus éducatifs.

Quelle a été la réaction du SNE, le syndicat professionnel qui regroupe 650 maisons d’édition, représentant la majeure partie du chiffre d’affaires de l’édition française ?

  • « Nous n’avons rien à redire à ces pratiques. Mais de là à promouvoir l’autoédition, c’est assez perturbant. S’agit-il d’une priorité ? (en pensant au fait que les nouveaux programmes scolaires prévus pour la rentrée 2016 nécessitent de nouveaux manuels).
  • « Une multinationale américaine qui a fait du non-paiement de ses impôts en France l’un des axes majeurs de sa stratégie » ; « cette société d’une puissance économique phénoménale n’est pas vraiment respectueuse des droits d’auteur ; « son objectif est de capter les données dès le plus jeune âge. C’est la raison pour laquelle le marché de l’éducation est déterminant pour elle ».


Nonobstant ces contre-attaques compréhensibles, les questions que je pose au SNE sont :

  • « Avez-vous conscience que votre client n'est pas seulement l'éducation nationale ? »
  • « Avez-vous conscience que votre Monde ne vous a permis de voir que les livres papiers et en gros volumes ne sont plus l’alpha et l’omega de la diffusion du savoir et de votre métier ? »
  • « Avez-vous conscience que votre Monde vous a empêché de comprendre vos clients et d'avoir l’idée qu’a eu Amazon ? »
  • « Avez-vous une réflexion pour créer des nouveaux terrains de jeux stratégiques et garder la relation avec vos clients ? »
  • « Avez-vous commencé à travailler sur votre nécessaire changement de Monde ? »


Et vous lecteur, votre entreprise est-elle plutôt en mode Amazon ou en mode SNE ?

Bruno Jourdan

jeudi 21 avril 2016

Patrick Drahi : la démarche des honnêtes gens est la bonne


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Dans un post précédent, j'avais montré que Patrick Drahi au delà d'être un financier est un excellent manager des hommes.
Allons plus loin. Mardi dernier, Patrick Drahi a expliqué son Monde de Performance aux élèves de l'X. 
Voilà ce qu'il dit de ses "Grandeurs".

Première grandeur, le parti-pris du contrariant, de l'adversité
Pour lui, une bonne idée est bien sûr une idée qui passe le cap de la contradiction mais surtout une bonne idée est celle qui rencontre beaucoup d'adversité.
«  Quand on a une idée, même si on nous dit qu’elle n’est pas bonne, il faut la poursuivre. Les bonnes idées restent celles qu’on pousse face à l’adversité ».
Pour illustrer sa pensée, il vole au secours de la loi Travail de Myriam El Khomri. Cette loi de simplification doit être une bonne idée précisément parce que tout le monde est contre.
« C’est le perpétuel risque d’échec qui vous fait avancer et qui vous pousse à vous mettre la pression pour réussir ».

Deuxième grandeur de Patrick Drahi : l’honnêteté - dans son sens "intériorité".
 Pour lui cette qualité est essentielle pour réussir face à l'adversité
« C’est important l’honnêteté, car si on n’est pas honnête, même si on est un génie, tôt ou tard, on se fait rattraper ».
Quand il parle de Myriam El Khomri, il décrit l’honnêteté de sa posture.
"Cette loi a été défendue par une personne dont ce n’était pas forcément le métier, mais qui a fait preuve d'humanité, de gentillesse, de bonté et je pense de droiture dans ce qu’elle faisait. Elle était honnête et la démarche des honnêtes gens est la bonne ».

Et alors me direz-vous ?
Et alors, si vous deviez négocier avec Patrick Drahi vous devrez utiliser deux leviers :

  • adversité : plus vous vous opposerez à son idée, plus il va penser qu'elle est bonne,
  • honnêteté : plus vous êtes congruent, synchrone avec ce que vous dites, plus il vous respectera.

Mais si cette situation d'avoir à négocier avec lui est peu probable, vous pouvez aussi lui emprunter son "radar" pour gérer vos propres situations complexes.

A vous de jouer !

Laurent Dugas


mercredi 6 avril 2016

Dans un garage, quelle question préférez-vous : Quel est votre numéro de châssis ? Quel est votre nom ?



Carlos Tavares président de PSA vient de dire qu’il souhaitait que les clients du groupe ne soient plus identifiés par leur numéro de châssis - première question des salariés du réseau lorsqu’un client arrive avec sa voiture - mais bien comme des personnes.

Ce changement peut tous nous inspirer sur le sujet "les passerelles pour changer de Monde".

1/Quel est votre numéro de châssis est la preuve que PSA n’est aujourd'hui pas orienté client. Carlos Tavares a bien diagnostiqué que cette simple question traduit que toute l’organisation du réseau est centré sur le produit « la réparation la plus efficace de la voiture ». C’est bien, mais ce n’est ni l’attente des clients ni la stratégie de PSA.

2/ Quel est votre nom est une excellente passerelle pour initier la transformation. Un symbole fort. Porteur de sens. Identifiable par les collaborateurs. Identifiable par les clients.

3/Cette passerelle est plus compliquée à déployer qu’il n’y paraît :

  • Pour qu’elle soit efficace, il faut déjà que le réseau comprenne que l'esprit de la question est de créer de l'intimité avec le client et pas de créer une nouvelle clé d'accès à un fichier. Elle doit être posée avec empathie et chaleur. Tout le réseau doit être formé. Tout le système de management des équipes doit être aligné avec cette nouvelle pratique. Elle doit faire partie du système de reconnaissance de la performance.
  • Pour qu’elle soit efficace, il faut aussi que toute la suite de l’expérience client soit à la hauteur de cette première question. Exemple : comment le garage va lui rendre sa voiture à la fin de la réparation (aujourd'hui, cela se résume souvent par Voilà, c’est fait). Tout est à réinventer sur les postures et les interactions avec le client.
  • Tout aussi compliqué, il faut sans doute que le CRM trace et nourrisse la relation que le réseau a ou veut avoir avec le client - que va-t-on dire au client après qu'il ait donné son nom. C’est ce que fait par exemple Rexel (distribution électrique) qui sait identifier chaque client qui appelle par son numéro de téléphone pour qu'il puisse être mis en relation avec son interlocuteur habituel, qui connaît ses besoins et son historique d'achats.

En synthèse : pensez à vos passerelles. Pensez à la profondeur de leur déploiement. Pensez que la première passerelle est un premier pas qui donne la direction.

Bruno Jourdan

vendredi 1 avril 2016

Quelle nouvelle grandeur devons-nous inventer face à la percée de l'intelligence artificielle ?

Deepmind a battu le champion mondial du jeu de GO. Cette victoire apparait comme le marqueur d'une domination inéluctable de l'ordinateur sur le cerveau humain dans les exercices de raisonnements les plus complexes ... mais en parallèle, les spécialistes nous disent que ce même ordinateur à des capacités cognitives inférieures à celle d'un enfant de 5 ans.

L'analyse factuelle de ces informations est simple :

1) Bonne nouvelle pour notre employabilité d'humain, l'ordinateur n'est pas encore prêt à prendre le lead sur nous. Oui, il est une machine chaque jour plus performante ... mais pour adresser des taches précises et rationnelles,
2) Mauvaise nouvelle pour notre employabilité, cette capacité à traiter plus vite, plus exhaustivement, plus rationnellement, avec moins de biais cognitifs ou émotionnels va challenger de plus en plus fortement nos activités professionnelles. L’ordinateur fera mieux que nous à un coût moindre. Oui, notre employabilité pour assurer ce type de tâche va disparaitre.

Mais je vous propose une analyse plus profonde :
Cette avancée de l'Intelligence Artificielle nous oblige à repenser nos représentations de notre performance d'humain - de notre Grandeur. C'est d'ailleurs pour cette raison que nous sommes autant marqués par la défaite du champion coréen, comme nous l'avions été par celle de Kasparov aux échecs - la fin de notre suprématie intellectuelle.
Pour prendre une image footballistique, nous pensions être des Ibrahimovic de l'intellect. Si on dit à Ibrahimovic qu'il sera toujours battu par une machine, il va déprimer et arrêter de jouer.
Ou alors, il va inventer une nouvelle représentation de sa grandeur.

Quelle nouvelle représentation de notre grandeur devons-nous inventer puis concrétiser ?
Cette invitation à réfléchir n'est pas optionnelle...elle se pose déjà concrètement dans certains métiers " cols blancs"... à moins que vous souhaitiez la réponse de votre futur assistant personnel IA ?


Laurent Dugas