Sepp Blatter est assurément un créateur de Monde. Le Monde de
l’industrie lucrative du sport-business
- Sepp Blatter a dans les années 1970 pris en charge un sport amateur pour en faire une industrie lucrative. En 1970, il y avait à peine la télévision, pas de droits télévisuels, pas de merchandising, ni de sponsoring, les Jeux olympiques étaient amateurs, le sport était un loisir. Il n’est pas parti d’une feuille blanche, il y avait des champions, des vedettes mais il a créé une industrie. Le montant des droits TV, celui des achats de joueurs ou le prix d’une sextape tels qu’ils existent aujourd’hui était tout bonnement impensable dans les années 1970.
- Le succès est incontestable. L’industrie du sport, c’est aujourd’hui environ 500 milliards de dollars par an.
Mais Sepp Blatter a oublié – ou voulu oublier
- de créer toutes les conditions pour que le Monde qu’il créait soit pérenne.
- Première erreur, Sepp Blatter a fait basculer le sport dans un autre Monde mais il a continué à l’administrer par le biais d’associations à but non lucratif. Comme le dit François Thomazeau, c’est Hollywood géré par des associations loi 1901. Cela ne peut pas marcher. Le mélange des genres entretenant forcément les risques de dérapages et de corruption. Blatter était en même temps promoteur de son sport et en charge de la lutte antidopage, truand, flic et juge.
- Deuxième erreur, l’oubli que chaque Monde a son prix à payer. Ce prix, il faut l’accepter ou le mettre sous contrôle. Le prix à payer du sport business c’est la recherche continue de la performance. Le problème est que cette recherche conduit nécessairement au dopage. C’est le philosophe Heinz Wismann qui en parle le mieux en pensant à l’athlétisme : Le but dans nos sociétés, c’est la croissance, la performance toujours plus grande. Dans une société de performance, tout le monde se dope, d’une manière ou d’une autre. Parmi les principaux éléments dopants dans une société, le principal est la consommation. C’est une promesse de satisfaction rapide, instantanée qui raccourcit le temps pour obtenir une chose. Le dopage n’est rien d’autre, comme la drogue, de raccourcir le temps d’effort pour atteindre le but fixé. La corruption, elle, a toujours existé. Elle se jette sur l’urgence de l’époque, elle l’exploite.
Le Monde du sport-business va-t-il disparaître avec Sepp
Blatter ?
- Non ? Ce Monde nous plait. Les sportifs peuvent vivre de leur passion, les medias gagnent des audiences, les sponsors gagnent de l’argent et les spectateurs adorent les performances
- Oui ? Les clients/citoyens changent. La Cop21 est un signe de plus que nous les citoyens – clients du Monde du business – avons envie que le Monde change. Mais si le Monde du sport lucratif devait être remplacé par autre chose, nous devons tous être prêts à en payer le prix : moins de performance et moins de championnats attrayants.
Y sommes-nous prêts ?
Bruno Jourdan