Comment notre anticipation de la retraite dicte nos stratégies d'action aujourd'hui...
ou, en langage "Monde", comment la boucle de reconnaissance se révèle la clé de voûte de l'un des systèmes les plus performants de notre Histoire.
Les armées romaines ont exercé une domination sans partage pendant plusieurs siècles, très souvent dans un contexte hostile, loin de leurs bases, en infériorité numérique, sans différenciation technologique.
Comment cette organisation a-t-elle pu générer une performance supérieure à celle de ses "concurrentes" ?
La réponse se trouve bien sûr dans le Monde du légionnaire romain.
Ce Monde s'appréhende facilement par l'analyse de la boucle de reconnaissance. Que gagne le légionnaire romain après ses longues années de service ? Il gagne un territoire conquis sur les possessions ennemies au prorata de sa hiérarchie dans l'armée.
Le soldat romain vit dans une boucle de reconnaissance différée. Son espérance de gain est faible en temps réel, mais il peut faire "jackpot" au moment de sa retraite.
Quelles sont les conséquences de cette boucle de reconnaissance ?
Première conséquence, il faut gagner de nouveaux territoires. C'est donc une armée de conquérants, d'explorateurs. Les soldats sont très motivés par la victoire et par la conquête associée de terres agricoles de bonne qualité. Ce n'est pas une armée défensive, ce n'est pas une armée d'aventure en terrain impropre à l'agriculture.
Deuxième conséquence, le gain se concrétise à terme, donc la priorité est de rester en vie. Pour cela la légion romaine adopte des stratégies de préservation de la vie humaine au plus haut point. Fortification des camps, évitement des masses de troupes ennemies, siège patient des places fortes,...
Cette priorité se double d'une discipline de fer acceptée de tous, l'insubordination de l'un pouvant générer la perte des autres. Par conséquent, si l'armée se fait massacrer parce qu'elle a un mauvais chef, elle n'hésitera pas à en changer,...
Cette boucle de reconnaissance "territoire agricole conquis à la retraite" s'est donc révélée extrêmement efficace sur plusieurs siècles, pour constituer l'un des plus grands empires connus qui soient.
Cette histoire peut sans doute faire réfléchir nos politiques dans leurs réformes (?) du système de retraite.
Elle peut plus sûrement convaincre les managers en charge d'une transformation au sein de leur entreprise de porter un soin tout particulier à la boucle de reconnaissance.
Dans votre Monde de Performance cible, sur quel critère les équipes seront-elles reconnues ? Par qui ? Et par quoi ?
Laurent Dugas