Bonjour,
Gérard MOULIN est gérant action chez Delubac Asset Management. Il publie sur le site de l'Agefi une tribune qui prend tout son relief avec l'angle d'approche Monde que vous commencez à maîtriser si j'en crois l'assiduité des 1000 lecteurs mensuels
"La rapidité et la brutalité des grandes mutations
aujourd’hui à l’œuvre dans l’économie mondiale vont accélérer la ségrégation de
la cote entre les valeurs qui courent derrière leur marché et celles qui
participent pleinement à la définition de ce nouveau monde. La composition des
grands indices reflétera tôt ou tard cette dichotomie.
Faite
de ruptures aussi brutales que nombreuses, la période actuelle est inédite par
bien des aspects. Ces exemples de « disruption » abondent. C’est
aujourd’hui la première fois que les jeunes générations sont en mesure
d’expliquer le monde (ou en tout cas, une partie) à leurs parents. C’est aujourd’hui
la première fois que les centres de R&D se déplacent dans les pays
émergents, qui ont définitivement perdu leur qualificatif méprisant de
« tiers-monde ». C’est aujourd’hui la première fois que les médias
traditionnels se frottent à une caisse de résonance aussi infinie dans sa
portée que le web… Si ces mutations modifient en profondeur l’économie
mondiale, elles impactent en retour la hiérarchie des marchés financiers et
remettent en question la composition des grands indices boursiers qui sont
censés les refléter.
Prenons
le CAC40. Trois de ses principaux candidats au départ sont Alcatel-Lucent,
STMicroelectronics et PSA. Parmi leurs remplaçants possibles figurent notamment
Dassault Systems, Gemalto et Zodiac. Cette perspective est tout à fait
plausible, les dernières dépassant désormais largement les premières en termes
de capitalisation. Mais comment les futurs sortants se sont-ils fait dépasser
par ces possibles entrants ? La qualité de la gestion n’a rien à voir
là-dedans, pas plus que la qualité de l’expertise technique. Globalement bien
organisés, ces groupes sont en effet composés d’armées d’ingénieurs et de
centres de R&D tout aussi performants. En réalité, les candidats au départ
doivent leur déclassement à leur seul positionnement. Faute d’avoir décelé
suffisamment tôt les conséquences déflationnistes de l’hyperconcurrence
actuellement à l’œuvre et de la force de frappe du nouveau monde, ils n’ont pas
su se projeter sur les bonnes trajectoires de croissance.
Des acteurs incontournables sur des marchés qu’ils ont
contribué à façonner
Ces
changements militent donc pour une nouvelle grille de lecture des groupes
cotés, dont la proposition
actionnariale repose plus que jamais sur la combinaison de
deux facteurs-clés de succès indissociables. La première force d’un groupe
réside dans la vision précoce que se sont forgés ses dirigeants sur l’évolution
de leur marché, puis dans sa déclinaison en un chemin de croissance rentable
(application de la bonne gamme de produits, voire du bon modèle économique, au
bon marché). La seconde force provient de la protection de cette trajectoire
via la mise en place de barrières à l’entrée difficilement franchissables
(avance technologique, savoir-faire protégé, marque forte, référencement par
les grands donneurs d’ordre…). Reprenons nos exemples. Leader mondial de la
sécurité numérique, Gemalto est un des très rares prestataires externes à avoir
convaincu le secteur financier de lui confier la gestion de données clients
hautement sensibles. Zodiac bénéficie de certifications sur des normes
tellement complexes qu’elles sont devenues référentes pour l’ensemble des
acteurs du secteur aéronautique à travers le monde. Quant à Dassault Systems,
son offre logicielle a atteint une complexité et une adaptation aux usages
telles qu’elle apparaît difficilement rattrapable pour un nouvel entrant. A
chaque fois, ces groupes sont devenus des acteurs incontournables sur des
marchés qu’ils ont contribué à façonner de toutes pièces en imposant leur
pricing power. Une différence de taille avec nos trois candidats au départ, qui
sont restés des acteurs peu différenciés sur des marchés ouverts et matures.
La
voilà, la grande leçon. Si la composition du CAC40 a globalement peu évolué
depuis sa création, la rapidité et la brutalité des grandes mutations
aujourd’hui à l’œuvre dans l’économie mondiale vont accélérer la ségrégation de
la cote entre les valeurs qui courent derrière leur marché et celles qui
participent pleinement à la définition de ce nouveau monde. La marche des
affaires ne sera plus jamais comme avant. Le CAC40 non plus"
Et si nous sommes dans l'ancien que devons-nous faire pour pour nous resynchroniser avec un environnement en disruption ?
Et ça c'est la finalité de notre démarche "rapprocher Monde de celui de vos clients"
François Varin
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