Les Mondes de P-Val: Le viaduc de Millau … pourquoi ce pont enjambant une vallée préservée est passé comme une lettre à la poste ?

lundi 2 mai 2011

Le viaduc de Millau … pourquoi ce pont enjambant une vallée préservée est passé comme une lettre à la poste ?

Avant ce viaduc, la vallée du Tarn était un paysage totalement préservé. Quoi qu’on puisse penser de ce pont, il faut reconnaître que sa construction a bouleversé l’esthétisme de l’environnement.

… Et pourtant, nulles manifestations d’opposants, d’agriculteurs ou de riverains !
Comment les initiateurs et les constructeurs du projet ont réussi ce tour de force ?

« Conduite du changement » diront les amateurs = concertations, réunions publiques, financement d’associations sportives locales …


… Pas du tout, aucune conduite du changement … il n’y en avait pas besoin

Les grands ouvrages d’art, et en particulier les ponts, font partie de notre Monde français. Nous adorons les ponts, viaducs, passerelles, aqueducs … le pont du Gard, le pont de Tancarville, celui de Normandie, le viaduc de Garabit, notre histoire est pleine de ces ponts qui sont notre fierté et celle de nos ingénieurs des Ponts et Chaussées – et d’ailleurs on pourra noter que l’École des Ponts et Chaussées s’appelle maintenant l’École des Ponts tout court.

Pas besoin de gérer le changement quand il n’y a pas de changement de Monde, CQFD – encore faut-il dans ce cas précis que le pont soit conforme à notre Monde. Nos grandeurs sur ce sujet sont la beauté architecturale, le chantier de Titan, la performance technologique et si possible une première mondiale. Millau répond à toutes ces caractéristiques.

Si on transpose, nous dirions pas de chance pour les constructeurs d’éoliennes … elles ne font pas partie de notre Monde et seront donc beaucoup plus difficiles à faire passer à grande échelle.


Bruno Jourdan

2 commentaires:

  1. Bonjour

    Il est vrai qu'en France on aime les ponts, mais même si ils sont très jolis (c'est le cas de Millau), on n'aime pas les trous (même si on aime les Mines ;-).

    Grâce à ce Viaduc il me semble que de nombreux bouchons en ville ont du disparaitre, et, de plus, Millau s'en est trouvé désenclavé (moins de passage inutile en ville, mais un accès siplifié). Le tourisme s'est développé, dans une région (l'Averon) qui le mérite bien.

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  2. Bruno Jourdan3 mai 2011 à 09:56

    Intéressant ce post de Paul-Henri. Il met le doigt sur le fait que dans les grands projets, les axes de communication doivent être pensés par rapport au Monde des personnes concernées. Dans le cas de Millau, la communication a été double, une communication vers les habitants de la ville sur ses conséquences positives (moins de pollution, désenclavement, …) et une communication plus nationale sur la légitime fierté que la France allait retirer de cet ouvrage d’art.
    La recommandation « Monde » à faire aux communicants des projets est donc d’aller au delà du questionnement classique, et nécessaire, « leurs freins, leurs motivations, leurs questions, leurs perceptions … ». Les communicants doivent aussi comprendre en profondeur le Monde de leurs cibles.

    Le cas d’actualité est le nucléaire. La communication des pro-nucléaires est largement centrée sur le fait que la production de cette énergie n’émet pas de carbone … et est donc totalement verte. Rationnellement, c’est juste. La question est « cette communication est-elle cohérente avec le Monde des opposants au nucléaire, ou plutôt à ceux qui n’ont pas d’opinions tranchées ? ». Est-ce que le bas-carbone est leur grandeur ? Si on regarde l’évolution des sondages, les autres axes de communication du nucléaire français « indépendance énergétique » et « bas coûts » ne semblent pas non plus les avoir convaincus dans la durée.
    Qu’en penser ? Pour réussir une communication, on a deux choix. Le premier, et le plus facile, est de chercher à la synchroniser avec le Monde de chacune de ses cibles, après l’avoir compris. Le second, si on a du temps, peut consister à changer le Monde de sa cible, passer d’un Monde actuel à un Monde voulu. Mais force est de constater qu’en 35 ans en France, ce changement de monde n’est pas totalement réussi.

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