Bonjour, j'ai participé hier à une conférence des MINES avec Xavier Fontanet, ancien PDG emblématique d'ESSILOR, autour de son livre « D’autres pays ont pu se redresser pourquoi pas nous »
Il pose avec beaucoup de bons sens un diagnostic factuel de la situation de la France ( un de plus me direz-vous) et illustre les leviers de redressement au travers de l'exemple de pays qu'il a bien connus dans son activité professionnelle : Allemagne, Suisse, Canada, Nouvelle Zélande.
Sans rentrer dans le détail (lisez le livre :) ) il met en avant trois axes forts :
- la réduction du poids de l'Etat régalien par la privatisation des services
- le passage de l'horreur d'un chômage bien payé à la maison à l'insatisfaction de mini-jobs permettant la réinsertion sociale et professionnelle
- le passage de la retraite par répartition à la retraite par capitalisation
Mon sujet n'est pas dans la pertinence de ses recommandations techniques - le Quoi - je m'interroge beaucoup plus sur la faisabilité de tels changements dans notre "Monde Français" - le Comment -
Xavier Fontanet se focalise sur 2 facteurs de succès :
- Un binôme de dirigeants constitué de :
- Un leader politique qui sait négocier le passage du Monde actuel au Monde voulu
- Un leader intellectuel qui pense le Monde de Performance voulu : c'est Gerard Schroder et Peter Hartz en Allemagne
- Il faut être deux pour assembler toutes les qualités du "leader créateur d'un Monde auquel les autres veulent appartenir".
- Un consensus dans tout le pays sur la direction à prendre qui doit s'incarner dans les Médias
- Xavier Fontanet cite ainsi l'engagement du groupe de presse Bertelsmann pour relayer et diffuser en profondeur les principes de Hartz
L'auditoire, comme Xavier Fontanet, a largement avalisé ce constat : nous sommes très loin de rassembler ces deux facteurs de succès en France.
Alors comment faire ?
L'ancien patron d'Essilor nous a renvoyé la balle : "C'est à vous de vous engager". Il souligne la nécessité de conduire l'action à un niveau micro: l'entreprise et la ville qui sont les deux seules entités "productrices". Tout ce qui est au dessus étant des "frais généraux" qui sont autant de freins s'ils sont trop importants
Si je peux aider ceux qui voudront s'engager, je donnerai les trois capacités à développer pour devenir leader-créateur de Monde
- démonter les tabous de la langue de bois, revenir systématiquement sur le factuel, le chiffre validé
- formuler pédagogiquement ses éléments, faire parler ceux qui le vivent et arrêter de stigmatiser à tout bout de champs : en France c'est "French Sniper" dès qu'un élément sort du politiquement correct Parisien
- concevoir et formuler finement les nouveaux principes de "grandeur" collective comme "Mieux vaut un travail insatisfaisant que l'horreur du chômage à la maison",
- mais aussi de façon concrète, définir de nouvelles interactions entre les corps sociaux (syndicats, entreprises, régions, ...) , de nouveaux critères de décision comme l'attribution et le retrait des aides sociales
- enfin bien clarifier les bénéfices pour chacun et pour le collectif
- il y a un savoir "exécuter" complexe : se focaliser sur des réformes fortes, structurelles mais limitées plutôt que de saturer l'espace par des réformettes qui liguent tous les acteurs contre vous et sont inaudibles en termes de sens et d'impact à la hauteur des enjeux
- tenir les actions lancées dans la durée : à titre d'exemple j'ai mis en place à l'AP-HP, la réforme 2007 pour donner aux médecins un pouvoir réel de gestion sur des Pôles Médicaux au sein d'un hôpital. A peine mise en place, l'Etat et l'administration n'ont eu de cesse de réduire cette délégation à peau de chagrin au lieu d’accompagner l'apprentissage de cette nouveauté
En conclusion , prenez votre courage d'une main et deux livres de l'autre :
Laurent Dugas
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