Dans le monde post-crise financière, les banques cherchent à maximiser leur profit ajusté du risque sous contrainte de fonds propres et de coûts. Dès lors, la profitabilité d’une banque repose par nature sur l'équilibre entre l'appétit pour le risque, source de profit, et l’aversion au risque (qu’on pourrait appeler l'appétit pour le non-risque), source de sécurité.
Les acteurs qui cherchent la profitabilité ajustent en permanence leur business mix pour trouver des zones de profit, donc de risque. Le contrôle des risques ajuste en permanence sa perception et sa capacité de mesure pour s’adapter aux évolutions des activités de la banque. D’une certaine manière, plus il est efficace et encadre la prise de risque, plus il pousse les acteurs à évoluer rapidement vers de nouvelles zones d'activité risquées.
La question se pose donc d'une approche
différente en abordant le sujet par la culture. Ainsi le FSB (Financial
Stability Board) recommande-t-il aux
banques de définir et de mettre en place une culture Risque au
sein de l’entreprise.
L’approche de P-Val consiste à définir un Monde Risque :
l’objectif est de définir comment les individus, quel que soit leur service
(Département Risque, Back Office, Middle Office, Front Office, etc.) pensent,
décident et agissent en relation avec les problématiques de risque.
Après la percée d'oser parler de culture
sur un tel sujet, il s'agit désormais de parvenir à définir clairement les
fondements d'une culture risque pertinente.
La démarche Monde apporte un cadre
méthodologique robuste, validé sur des centaines de contexte, autour de quatre items :
- Grandeur : la réponse réside dans la capacité d'une organisation à exécuter la stratégie qu'elle a décidée avec un appétit au risque défini. C'est donc bien l'intégration de la contrainte de risque au sein de la stratégie de l'entreprise et jusque dans sa définition même de la performance. Quel que soit mon service, le risque n'est pas à côté de la recherche de performance : il est au cœur de la formulation de la stratégie.
- Reconnaissance : en matière de reconnaissance financière, le système bancaire introduit un biais bien connu dans la mesure où les individus qui prennent le risque pour l’institution portent individuellement un risque personnel très faible. Le jeu entre gain et perte est asymétrique. C'est pourquoi la boucle de reconnaissance doit être fortement incarnée par le management. Ce dernier joue le rôle de modèle d'identification autour d’un projet collectif dont il est le promoteur et le gardien.
- Interactions collectives : l’exemplarité sans ambiguïté du top management est l'élément clé de la réductibilité de la culture risque. Simultanément, le middle management doit être reconnu dans sa capacité à agir de façon responsable. Plus la délégation remonte, moins les acteurs terrain apprennent à exercer leur jugement. Le middle management doit être responsabilisé plus fortement, avec des processus d’escalade pertinents.
- Décision : les processus de prise de décision doivent être organisés dans un esprit 360° pour éviter qu'un petit groupe d'individus "vampirise" le sujet à leur profit au détriment de l'institution dans sa globalité. Simultanément, l'appréciation ne doit pas utiliser des indicateurs pris isolément mais raisonner globalement, sur un faisceau d'indices convergents.
Définir le
Monde Voulu de la culture Risque permet a minima de créer la base d’un
consensus au sein de l’entreprise et permet aux décideurs de garder le cap dans
la tempête et d’apporter une réponse économiquement viable à la gestion stratégique
du risque
Laurent Dugas
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