En région Centre, la SNCF a lancé récemment un concours « Challenge
lutte antifraude TER ». Les 50 contrôleurs ayant les meilleurs résultats
entre le 1er novembre et le 31 décembre seront récompensés : netbook,
console de jeux, chèques cadeaux.
Constatez le choc des Mondes
dans les réactions :
Le Monde des agents de
la SNCF
« La plupart des collègues
et moi-même sommes outrés par ce procédé d'incitation aux chiffres qui peut
entraîner bien des dérives dans notre travail. C'est important de diffuser
cette info, la SNCF nous pousse à harceler les clients. Ces derniers ont donc
le droit de savoir ». La CGT renchérit « Ils ont déjà monté des
challenges comme ça du côté du guichet, ça peut se comprendre, mais de là à
organiser un challenge sur la fraude, on n'avait jamais vu ça ».
Le Monde du client
« Me harceler ? Si j’ai mon billet, je ne vois pas où est le problème ».
Le Monde du management de la SNCF via la Direction Régionale
« Il ne s’agit pas d’une prime au procès-verbal ou au développement
du chiffre d'affaires, il s’agit d’une émulation d'équipe ; l'objectif
n'est pas autre chose que de faire bien son métier et le contrôle fait partie
des gestes du métier ».
La question ici n’est pas de savoir si ce challenge anti-fraude est bon
ou mauvais mais de formaliser quelques questions à se poser quand nous lançons
une action dont nous sentons qu’elle va être difficile :
1/Cette action traduit-elle
un changement de Monde ? Quel est le Monde voulu que nous proposons à nos
équipes à travers cette action ?
Avons-nous expliqué et convaincu sur la nécessité du changement ?
Dans ce
challenge anti-fraude, j’ai l’intuition qu’il y a un changement non-dit : un contrôleur doit faire les contrôles. Faire
un challenge laisse entendre que certains ne font pas le job (pour des raisons
qu’il faut creuser et sans doute très compréhensibles).
Pourquoi ne pas
traiter cette vraie question au lieu de passer par un détour pas clair ?
2/Cette action
est-elle cohérente avec le Monde de nos équipes ?
Avons-nous fait l’effort de le comprendre, sans jugement ou apriori ?
3/Notre Monde managérial est-il clair et formalisé ? Est-il
synchronisable avec le Monde de nos équipes ? Notre Monde précise-t-il les
modes de synchronisation possible avec elles ?
En conclusion, je me permets de rappeler notre définition du leadership
managérial « créer un Monde auquel
les autres veulent appartenir ».
François Varin
PS : n’oubliez ni de composter vos billets, ni de valoriser le
travail difficile des contrôleurs SNCF - je remercie en passant celui d’un Nantes-
Saint-Nazaire récent qui avait un petit mot attentionné pour chaque voyageur et
qui a su créer un climat chaleureux dans le wagon.
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